Une sobriété reçue de plein fouet
Le titre, Qui a envie d'être aimé ?, est-il vraiment un choix heureux ? Il reprend
une des premières questions du prêtre que rencontre Antoine mais évoque facilement
une de ces comédies romantiques pour trentenaires dites "à la con". C'est la difficulté
du film, attraper la main du spectateur sans trop le dérouter, raconter un
bouleversement de l'âme sans moquer une communauté religieuse aisément
caricaturée, sans filmer non plus une crise mystique salvatrice d'un monde
désenchanté. Antoine est un père de famille, un avocat, un homme "accompli".
Le Dieu qu'il rencontre n'est pas cloué à sa croix, le corps martyr. Celui
qu'il croise dans une petite chapelle près de sa maison de famille en
Bretagne, est un Christ aux liens, au regard amène et bienveillant.
L'histoire d'un homme accompli, certes, mais qui trouve à aller un peu plus loin.
Anne Giafferi raconte l'histoire de son mari, auteur de Catholique anonyme
et y entre par la biais de la famille. Par son fils, qu'on ne sait pas
comment engueuler quand il a des difficultés scolaires, mais qu'il faut engueuler.
Par la sœur un peu agitée, un peu dépressive qui trouvera bien des choses à
raconter à son psy. Par un père imposant qui n'a pas tout à fait perdu la
dureté dont il a fait preuve pour éduquer ses enfants. Le frère, absent,
moqueur, je m'en-foutiste ou méprisant. Sobrement, avec finesse, le film
montre la dureté d'une claque fraternelle lancée par-dessus la table du dîner,
la froideur d'une épouse qui a peur de ne plus comprendre son mari, le
malaise d'un père qui ne sait pas rendre son amour à son fils et la peur
honteuse d'être surpris en train de feuilleter le Pentateuque.
Eric Caravaca est un magnifique Antoine, sa douceur au sein d'une thématique
métaphysique fait que l'on reçoit le film de plein fouet ! L'ancrage contemporain
du film et l'humanisme du traitement semblent devoir faire écho dans le cœur du spectateur.
Lucie PEDROLA pour Excessif
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