jeudi 14 avril 2011




Extrait d'un interview de Maria LEO, psychologue au service d’adoption internationale Amarna (Bruxelles), publié dans le Dossier "Les (premiers) liens parents/enfant " in L'Observatoire n°67/2010 © par Ch. Lucassen (trouvé chez zench)

Lien dans un contexte d’adoption internationale

(...)

En quoi l'abandon fragilise-t-il l'enfant dans la création de liens avec ses parents adoptifs?

L'abandon provoque une rupture, un choc, autant d'émotions qui vont s'inscrire psychiquement, mais aussi neurobiologiquement et conditionner le développement de l'enfant. Il aura ainsi tendance à développer une vision du monde négative, peu propice à une structuration de personnalité équilibrée.

Pour l'enfant, un abandon, c'est un premier échec. Il n'avait qu'une mission après celle de venir au monde: attirer suffisamment l'attention sur lui pour que la personne censée le protéger le protège effectivement. Après cet échec, il devient difficile pour lui d'avoir confiance en l'autre et surtout en lui-même.

Pour se protéger de la répétition de cette expérience traumatique, l'enfant abandonné met en place une forme d'autodéfense inconsciente, qui le pousse à tout mettre en œuvre pour éviter une autre rupture en fuyant tout nouvel attachement. L'adoption pose ainsi dans la plupart des cas des défis d'attachement entre l'enfant et ses nouveaux parents - et non des troubles à proprement parler, qui sont plus rares. Il faut noter que les difficultés viennent parfois des deux partenaires: aux carences particulières de l'enfant s'ajoutent des fragilités parentales.

Adopter un enfant, c'est prendre le risque de l'aider à surmonter le choc de l'abandon en lui proposant des liens d'attachement secures, sur lesquels il pourra s'appuyer pour se construire.

La blessure d'abandon n'est donc pas irréversible?

Chaque enfant arrive dans sa famille adoptive avec des ressources qu'il faut pouvoir évaluer, pour tenter de répondre à ses carences de manière appropriée. On ne connaît jamais la profondeur de la blessure, elle peut avoir été aggravée par des facteurs comme la prématurité, l'alcoolémie ou la toxicomanie fœtale, elle peut être plus ou moins profonde suivant ce que l'enfant a vécu et ce qu'il a pu mettre en place pour y pallier.

Mais on peut améliorer les compétences parentales et professionnelles, on peut faire en sorte de mieux répondre. Il est certain que, grâce à l'aide des parents et des professionnels, un enfant abandonné pourra construire des mécanismes pour compenser la blessure d'abandon. Si le choc de l'abandon a effectivement un impact sur les structures du cerveau, la maturation de celui-ci prend plusieurs années et dépend non seulement de facteurs biologiques et génétiques, mais également d'autres éléments comme l'alimentation, l'expérience, les stimulations. Le Dr Chicoine du Québec1 explique très bien qu'avant l'âge de trois ans, tous les neurones et synapses ne sont pas encore construits: il y a donc encore une grande marge de manœuvre avant cet âge (ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en a plus après!). Indépendamment du neurobiologique, sur le plan psychologique, il y a un éventail gigantesque d'outils d'amélioration des capacités d'attachement de tout être humain: il existe des techniques et des conseils à donner, des environnements propices à mettre en place.

Je ne sais pas si on guérit totalement, mais en tout cas, on cicatrise, plus ou moins vite, plus ou moins bien. La patience et la persévérance sont de mise pour les parents adoptifs.

(...)



J'aime bien la notion de "défis d'attachement" (plutôt que troubles, plus graves, plus rares) et la responsabilité partagée ("carences de l'enfant", "fragilités parentales").

Et la fin de l'extrait...



J'ai trouvé une activité bien sympa à partager avec ma minette : le jardinage!
Elle aime ça!
Bien plus que mes autres loulous qui sont du style "un petit tour et puis s'en vont" et surtout présent quand il y a des choses à grignoter....

Shreelekha est minutieuse, patiente, persévérante (comme pour les autres activités) et je crois qu'elle apprécie aussi ces moments de complicité avec moi!
Elle a juste très peur des vers de terre, mais ça, c'est pas original.
Elle adore planter ou semer des fleurs (ce qui n'a jamais été mon truc), alors cette année, on aura un jardin mixte légumes-fleurs du style un plan de haricot-un tournesol!

lundi 11 avril 2011



J'aime bien ce passage d'un CR d'une conf de J. Lemieux (que j'ai piqué sur adopter-un-grand- et mis sur esprit-inde)

"Quand on (les enfants) comprend les éléments suivants, tout va bien :
- je suis important et précieux
- l'autre est digne de confiance
- l'autre est cool et safe (décontracté et sûr)
- se montrer vulnérable n'est pas dangereux
Les parents ne doivent pas se laisser contaminer par le stress des enfants.
C'est à eux d'évacuer ce stress et le post-traumatisme.
Il ne faut pas stresser de ne pas être un capitaine à la hauteur."

4 "petits" points qui me paraissent très juste dans le cas de ma fille!

J'ai souri avec le "cool et safe", même si je sais que je suis bien souvent trop cool et que ça peut en exaspérer plus d'un (au niveau éducatif, paradoxalement, ça n'engendre pas de résultats catastrophiques, enfin, selon mes critères....), mais j'ai de la chance d'avoir un représentant de la Loi à mes côtés (non, non, il n'est que gendarme domestique)

Ceci-dit, ne pas stresser de ne pas être un mauvais capitaine, c'est plus facile à dire qu'à faire, d'autant qu'on reste livré à soi-même après l'arrivée de l'enfant, alors qu'avant, on est pas mal "encadré". Heureusement, il y a plein de choses intéressantes à lire à gauche à droite...



Elle chante juste, avec une voix un peu grave...
retour de WE jea avec un grand classique dans la tête, et ce coup-ci, on a pris 10 min pour le répéter tous ensemble!




Ces questions me rappellent cette citation

"Et qu'enseignons-nous à nos enfants? Nous leur apprenons que 2 et 2 font 4, et que Paris est la capitale de la France. Mais quand leur apprendrons-nous aussi ce qu'ils sont, eux?...
Nous devrions leur dire : tu sais ce que tu es? Tu es une merveille. Tu es unique. Tout au long des siècles qui nous ont précédés, il n'y a jamais eu un enfant comme toi."

Pablo Casals

Petite remarque qui revient régulièrement chez Shreelekha : "pourquoi vous m'avez choisi moi et pas une autre?" avec ses variantes : "quand je serai grande, vous irez chercher un autre enfant en Inde?" ou "si je meurs, vous irez chercher un autre enfant en Inde?" comme si elle était interchangeable, remplaçable...
Je lui explique à chaque fois, que non, on est très heureux que ce soit elle qui soit avec nous, et qu'elle est irremplaçable, que si un de mes enfants meurt, c'est le plus grand malheur qui puisse m'arriver, et patati et patata....
Tout ce qui se passe dans une petite tête d'enfant!!!!

mercredi 6 avril 2011

"L'autorité, c'est de se faire obéir de l'autre sans violence, en l'aidant à comprendre que derrière les frustrations inévitables que nous lui imposons, il y a la promesse d'un futur où il pourra se construire."
Philippe Mérieux

Vaste programme!!!! Y'a du boulot, moi j'vous dis, en famille et à l'école!!! J'aimerai bien une formation très concrète là-dessus!
NOTE DE LECTURE par Philippe Robert, Dialogue n°177, septembre 2007 Enjeux de l’adoption tardive Sous la direction de Ombline Ozoux-Teffaine Toulouse, érès, 2004.

Les familles adoptives sont à l’avant-garde de toutes les familles à qui elles permettent une réflexion

fondamentale, et font avancer ainsi une évolution dégagée des préjugés et des inquiétudes inhérentes,

en fin de compte, à la situation de tous ceux qui vivent avec des enfants.» Cette phrase de Michel

Soulé en préface de l’ouvrage, témoigne de la façon dont l’adoption – et sans doute encore davantage

l’adoption tardive – réinterroge les processus de filiation. Ce livre est un ouvrage collectif dirigé par

Ombline Ozoux-Teffaine qui avait déjà écrit un ouvrage sur ce thème, il y a une vingtaine d’années.

Le grand nombre d’auteurs – quinze exactement – ne permet pas ici de tous les citer. Mais tous ont

une connaissance précise du sujet et une riche expérience clinique pour la plupart.

Alors que les travaux sur le bébé soulignent l’importance des interactions précoces et de la

période préverbale, il est légitime de s’interroger sur la possibilité d’une construction de la filiation en

cas d’adoption d’un enfant « qui n’est plus un bébé ». Bernard Golse répond positivement à cette

question sans nier l’importance des premières relations. Il souligne la nécessaire réécriture des

attachements précoces dans un travail de conarration avec les parents adoptants. Dans ces cas

d’adoption tardive, la procédure d’agrément joue un rôle essentiel dans la contenance et l’élaboration

de la « grossesse psychique » des candidats à l’adoption.

Ce livre explore de nombreuses situations montrant de façon précise les étapes de « la

séparation à la filiation » comme l’indique le titre du chapitre d’Ombline Ozoux-Teffaine. Pour la

revue Dialogue, nous pourrions peut-être regretter qu’une place spécifique ne soit pas accordée aux

thérapies de couple ou de famille qui semblent être le dispositif le plus pertinent pour la construction

et/ ou la reconstruction des liens. Pierre Levy-Soussan y fait référence, mais davantage sous forme de

consultations familiales que de thérapies stricto sensu. Anne-Claude Duvert souligne l’importance du

couple mais davantage le couple parental que la conjugalité.

Cet ouvrage a le grand mérite de faire dialoguer réalité interne et réalité externe, ainsi que

psychanalyse et théorie de l’attachement. Il y a une volonté assumée – et réussie – d’aborder

l’ensemble du problème sans mélange et confusion, mais avec rigueur et clarté. De façon assez

inhabituelle, cet ouvrage collectif réussit la gageure de s’adresser à la fois au public et aux

professionnels. Ces derniers ne viennent jamais masquer la réalité humaine de tous les protagonistes

impliqués dans le processus de l’adoption tardive.


Philippe Robert


Quelqu'un l'a-t-il lu celui là? J'hésite à le commander, peur d'une lecture trop difficile...mais me tente bien en même temps.

mardi 5 avril 2011

Ces derniers temps, elle m'a redit à deux ou trois reprises qu'elle avait pleuré pour venir en France, parce qu'elle avait peur qu'on la tape.
Je crois effectivement qu'elle avait de grandes angoisses par rapport à ce qui l'attendait ici (et je me souviendrais toujours de JVM qui, en voyant son attitude très "réservée" du départ nous avait dit : "elle a peur!")
Et de temps à autres elle me demande : "est-ce qu'il va me taper?" en parlant de certaines personnes qu'on croise; je lui répète souvent qu'en France, personne n'a le droit de la taper.

Je pense qu'elle souffrait un peu d'un mode d'éducation à l'ancienne encore assez (voire très?) courant en Inde, non? (même si paradoxalement elle me dit qu'elle aimait bien quand on la tapait...mon oeil! la connaissant, elle s'était fait une carapace), et qu'elle s'épanouit mieux dans un modèle éducatif plus souple et conciliant (ça, je pense que c'est peut-être le cas de tous les enfants, non?)

lundi 4 avril 2011



10 mois en France dans quelques jours pour Shreelekha!

Son mode de mise en relation avec les uns et les autres évolue encore beaucoup de semaines en semaines. Elle nous adopte doucement les uns après les autres, c'est sympa à observer.

Matthieu, son "chéri" du départ, admiré et adulé, mais qui a plein d'autres choses en tête à 14 ans que sa petite soeur,

Alice, LA soeur, avec laquelle elle partage une certaine intimité (calins, bisoux...) et plein de trucs de filles; mais Alice grandit aussi très vite en ce moment et les copines et MSN prennent une place de plus en plus importante dans sa vie, alors elle "largue" parfois sa petite soeur,

et puis Clément, qui après s'être crêpé le chignon avec sa soeur pendant tout ce temps, partage de plus en plus souvent des jeux de son âge (8 ans) avec elle (hier soir, kapla pendant toute la soirée, constructions et créations d'histoires à n'en plus finir - j'y ai eu droit pendant 30mn-); dimanche c'était leçons de rollers et foot dans la cour toute l'après-midi.
C'est assez nouveau tout ça!

Moi, j'ai maintenant toujours droit à mon prénom quand elle m'interpelle (ce qui est positif, avant c'était souvent "hého, toi", ou " elle"...) et même ce matin, elle m'a proposé de venir la voir à l'école pour une matinée sportive jeudi: c'est tout nouveau, jusqu'à maintenant, elle ne voulait pas me voir à l'école.
D'ailleurs, son attitude est très différente en privé ou en public avec moi et Ludo (plus distante et "rejetante" en public).

Reste Ludo (qu'elle appelle aussi Ludo en privé, parfois "caca-boudin" en public - de la provoc...-), qui est installé depuis le début dans une relation de type "je t'aime, moi non plus" où Shreelekha le cherche beaucoup dès qu'il est là, lui la menace de bisoux, tout ça dans les cris et les rires...ça évolue très doucement de ce côté là, mais pas de souffrance manifestée ni chez l'un ni chez l'autre, et je perçois sous cette relation toute particulière un lien déjà très fort qui ne demande qu'à évoluer avec le temps.

Je pense de plus en plus qu'il faut, surtout dans une famille de 6, beaucoup de temps et de patience pour que le lien avec les uns et les autres se crée. Mais tout ça est sûrement lié aussi au tempérament de notre fille.

Sinon, Shreelekha est toujours aussi facile à vivre, joyeuse, dynamique et positive dans toutes les activités qu'elle fait. Elle a beaucoup de facilité dans tous les apprentissages.
Elle est très attachée à la famille élargie (grand-parents, oncle et tante, cousins...), à sa maîtresse, ses copines, ses cheftaines jeannettes, et est avec tous une petite fille facile à vivre, rigolote et qui a son caractère (mais tout à fait gérable)!

samedi 2 avril 2011


Tous les prétextes sont bons pour un petit tour de danse....(même pas la tête qui tourne!)